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Le week-end à Clermont-Ferrand de monsieur bernard

Et pourquoi donc n’iriez-vous pas passer un week-end à Clermont-Ferrand ? Parce que l’hiver il y fait froid ? Parce qu’il n’y a pas de TGV direct ? Parce qu’il y a quand même des destinations placées plus haut dans votre to-do-list des week-ends à faire cette année ? Tout cela est sans doute vrai. Nonobstant. Ayant l’esprit rebelle et la nature curieuse, monsieur bernard vous suggère d’aller faire un tour dans la capitale auvergnate.

Vous pourrez non seulement y acheter une carte Michelin ou un set de pneus hiver, mais aussi y admirer quelques joyaux architecturaux comme Notre Dame du Port ou la toute nouvelle Comédie, y découvrir des photographes à l’Hotel Fontfreyde (comme Nicolas Moulin et sa série « Viderparis » à l’affiche de l’exposition « Grand Remix Urbain » jusqu’au 24 janvier 2021), y diner (très bien) au Saint-Eutrope ou chez Smørrebrød, et vous plonger dans « The Evil Eye » de Clément Cogitore (Prix Marcel Duchamp 2018) au Frac Auvergne jusqu’au 21 février 2021. Allez hop, haut les coeurs, week-end à Clermont-Ferrand.

Dormons à Clermont-Ferrand (ou pas très loin)

Il serait inexact de prétendre que Clermont-Ferrand regorge d’hôtels stylés qui vous donnent à eux-seuls l’envie d’aller explorer la capitale auvergnate. Néanmoins, monsieur bernard vous a trouvé deux adresses urbaines, catégorie maison d’hôtes charmante pour 5 chambres en ville, et catégorie hôtel gentiment design à budget serré pour l’Artyster, ainsi que deux refuges campagnards, les architecturales Cabanes du Bois Basalte et la bien-nommée Paresse en Douce.

5 chambres en ville

Nichées dans l’ancienne blanchisserie du quartier du Port, dans les ruelles du centre historique de Clermont-Ferrand, 5 Chambres en ville est donc l’adresse de charme du voyageur souhaitant résider au coeur de la cité auvergnate. Chambres à partir de 105€ la nuit petit-déjeuner compris et, si vous venez en famille, appartement de 40m2 pour 4.

Artyster

Pour les budgets serrés, direction l’Artyster. La (petite) chaîne d’hôtels qui se décrit comme « un lieu de vie design baigné d’art urbain et respectueux de son environnement » a ouvert sa première antenne il y a deux ans à Clermont-Ferrand, suivie par Le Mans en 2020, en attendant Amiens en 2021. Des espaces de co-working pour métiers créatifs, des ruches sur le toit, et des chambres pop inspirées des ateliers de réparation mécanique de la ville qui a vu naître la 2CV. Et à 56€ la double Arty en early booking, forcément, le rapport qualité-prix est difficilement critiquable.

Les Cabanes du Bois Basalte

Mauvaise nouvelle, les Cabanes du Bois Basalte sont fermées du 20 novembre au 20 décembre et ensuite tout le mois de janvier. Mais si vous profitez des fêtes pour aller dans la région, à une petite vingtaine de kilomètres de Clermont-Ferrand, les hébergements éco-responsables conçus par les 4 architectes et néanmoins amis Sébastien Gardarin, Mathilde Richard, Julien Peltier et Lise Valet constituent l’alternative idéale pour le voyageur épris d’architecture et sensible aux attraits de la vie à la campagne. Sur le site de l’ancienne carrière de basalte de La Roche Sauterre, les sept cabanes (pour 2 ou 4 personnes) et les 4 plateformes Tuf (avec tente pour 4) offrent une vue imprenable sur la chaîne des Puys. A partir de 82€ la nuit dans la cabane Latite pour 2, et 102€ dans la cabane Olivine pour 4.

La Paresse en Douce

Helen et Henk Slik ont quitté les Pays-Bas pour s’installer dans la « Toscane d’Auvergne », à 50km à l’est de Clermont-Ferrand, et y ouvrir La Paresse en Douce, leur maison d’hôtes et ses 5 chambres « new rustic ». Au pied des Monts du Livrais, surplombant les gorges de la rivière Dore, aux abords du village de Tours-sur-Meymont, cette belle et grande maison date, pour sa partie la plus ancienne, du 17ème siècle et a été utilisée il y a longtemps comme monastère. C’est connu, les bataves ont un don pour conjuguer confort moderne et charme de l’ancien, La Paresse en Douce ne dérogeant pas à la règle. Petite piscine pour les enfants, Hot Tub si vous préférez l’ambiance bain nordique, chapelle transformée en bibliothèque, et en prime, une table d’hôtes tenue par Henk (25€ par personne). 5 chambres donc, dont 2 suites familiales, à partir de 90€ la nuit.

Le diner du vendredi

Pour vous mettre tout de suite dans l’ambiance, rendez-vous au Saint-Eutrope. Dans le Londres des années 2000, Harry Lester était l’un des papes de la mouvance gastropub qui éveilla une génération de britanniques aux plaisirs de la table. Aujourd’hui installés dans la capitale auvergnate, Harry et Alexandra Lester régalent les clermontois d’une merveilleuse cuisine de bistrot dans un décor idoine juste parfait (mobilier vintage, nappes blanches, vaisselle de Sarreguemines et tableaux choisis par la maitresse des lieux, ancienne professeure d’art). Attention, fermé le samedi soir, donc pour le diner, c’est vendredi que ça se passe. Une dernière chose. Certains font le voyage à Clermont juste pour aller y diner. C’est vous dire.

Samedi à Clermont-Ferrand

Salon du Vintage au Polydome

Bon, pas sûr que ça ait lieu. Mais au cas où, le Salon du Vintage de Clermont-Ferrand devrait se tenir les 16 et 17 janvier 2021. Donc, si c’est le cas, et si vous y êtes ce week-end là, samedi matin, direction le Polydome (ouverture des portes à 10h). Outre une exposition hommage à Karl Lagerfeld, l’intérêt de la chose est d’y dénicher la perle rare qui trônera en majesté au milieu de votre salon une fois de retour chez vous. Sur 4000m2, plus de 150 exposants venus de toute l’Europe, pour vous vendre mobilier design, objets déco, mode vintage, vinyles, voitures de collection, appareils photo argentiques…

Javotine

Après avoir inauguré son premier Javotine à Saint-Etienne à 24 ans, Laura Gonzales en a ouvert un second en 2016 à Clermont. Et la jeune femme ayant du goût et la fibre patriotique, elle propose une belle sélection de vêtements, accessoires, cosmétiques et objets pour la maison la plupart made in France.

Déjeuner au Quillosque

Vous avez aimé le Saint-Europe, vous adorerez le Quillosque. La seconde adresse de Harry Lester, à quelques pas de la première (tout de suite à gauche en sortant), est une annexe pop toute aussi vintage (chaises d’école jaune, bar 50’s, murs vanille-fraise) où l’on sert des verres de vins avec des assiettes venues des cuisines du Saint-Eutrope voisin.

Hotel de Fontfreyde Centre Photographique

« Grand Remix Urbain », tel est le nom de l’exposition programmée jusqu’au 24 janvier 2021 à l’Hotel de Fontfreyde Centre Photographique (ouverture des portes à 14h). Au menu : Pascal Aimar qui a notamment travaillé sur le chantier de la Comédie – Scène nationale, Nicolas Moulin connu pour sa série « Vider Paris », un ensemble d’images de la capitale dans lesquelles ne subsiste aucune trace de vie comme après un cataclysme ou pendant une pandémie…, et Serge Lhermitte qui explore et analyse l’impact de phénomènes sociaux tels que le travail salarié, les retraites, la réduction du temps de travail, mais aussi l’architecture, l’urbanisme et les mutations urbaines sur la construction de nos identités.

Pascal Aimar
Nicolas Moulin, Viderparis, 1999-2001
Nicolas Moulin, Viderparis, 1999-2001
Nicolas Moulin, Viderparis, 1999-2001
Nicolas Moulin, Viderparis, 1999-2001

La grande coutellerie Claude Dozorme

Chez les Dozorme, la coutellerie est une affaire de famille. En 1902, Blaise Dozorme fabriquait ses premiers couteaux. Valentin a pris le relais en 1918, Claude a développé la marque dans les années 70, et c’est aujourd’hui Claudine, sa fille, qui est à la tête de cette florissante entreprise. Parmi les petits bijoux fabriqués dans l’atelier de La Monnerie-le-Montel, monsieur bernard concède un faible pour les Thiers, irremplaçables pour trancher votre saucisson à l’heure de l’apéritif, le Baroudeur, fidèle compagnon du randonneur de haute montagne, et pour les superbes couteaux à steak 6.16 manche nacrine qui ne dépareilleront pas sur vos tables de fêtes. Passage obligé à la La grande coutellerie Claude-Dozorme donc.

Claudine Dozorme et son père, Claude dans l’atelier de la coutellerie installé La Monnerie-le-Montel
Couteaux à steak navette 6.16 manche nacrine

Le Frac Auvergne

Désormais armés, vous pouvez vous diriger en toute quiétude vers le Frac Auvergne où vous attend jusqu’au 21 février 2021 « Le mauvais oeil ». Remarquez, en toute quiétude c’est beaucoup dire.

Avec son film The Evil Eye, Clément Cogitore s’est vu décerner en 2018 le prestigieux Prix Marcel Duchamp par le Centre Pompidou. L’artiste aborde une relation aux images et aux grands récits fondée sur l’emploi de vidéos issues des banques d’images (Getty, Shutterstock…), grandes pourvoyeuses de formes destinées aux fins publicitaires et télévisuelles les plus diverses. Entièrement réalisées à partir d’images pré-existantes et tournées sur fond vert, les scènes anonymes de The Evil Eye opèrent une sommation de postures stéréotypées, de gestuelles génériques adaptables à l’envi sur des décors ajoutés en postproduction. En bas de l’écran, les numéros de référencement des images apparaissent tels des codes-barres. En procédant à la sommation de ces images sans qualité, surexposées par la puissante luminescence d’un écran Led monumental, Clément Cogitore révèle la vision dystopique d’un bonheur saturé de sourires, de mouvements de chevelures au ralenti, de beautés artificielles dévitalisées, véritables injonctions hypnotiques destinées à susciter les instincts d’achat les plus inconscients. The Evil Eye est ici placé au cœur de l’exposition, sa bande-son traversant tous les espaces, dans un dialogue avec les autres œuvres. Donc, ça fait quand même un peu peur. Mais vous reconnaitrez que la démarche est assez salutaire.

La Comédie – Scène Nationale

Pour vous remettre, allez jeter un oeil à la Comédie. Signé par l’architecte portugais Eduardo Souto de Moura (Pritzker Prize 2011) et par le français François Bouchaudy, le bâtiment a été construit sur les fondations de l’ancienne gare routière, chef d’oeuvre moderniste édifié en 1961 par Valentin Vigneron, disciple du grand Auguste Perret. La salle des pas perdus, au centre de laquelle trône une coupole en béton décorée de motifs d’oiseaux, a été conservée. Les parties nouvelles, dont les deux salles de spectacles, sont parfaitement intégrées, sur la partie arrière du bâtiment. Pas de fanfaronnade ici donc, mais une parfaite intégration toute en ouverture et en transparence. Et pour rester dans l’esprit, à l’arrière du théâtre, les quais de déchargement des décors sont occupés par un marché de producteurs du pays tous les deuxièmes lundis du mois. Bon esprit.

Librairie Les Volcans

Acquise par son personnel il y a six ans, organisée en société coopérative (SCOP), la Librairie les Volcans est une institution clermontoise, et comme elle est située juste en face de la Comédie, vous n’avez aucune excuse pour ne pas aller y faire un tour, et mieux même, y acheter un ou plusieurs livres, histoire de finir l’après-midi en faisant à la fois un geste citoyen et en vous offrant un petit plaisir dont votre esprit vous saura gré.

Le diner du samedi soir

Bon forcément, après une journée pareille, vous avez faim. Ça tombe bien, monsieur bernard vous propose d’aller diner. Au choix, chez Smørrebrød, design scandinave et assiettes soignées et inventives, ou au Temps d’un Verre, bar à vins naturels avec assiettes moins sophistiquées mais tout aussi délicieuses.

Smørrebrød

Déjà à la tête de l’excellent bistrot B2K6 à Lempdes, le chef Jérôme Bru et son acolyte sommelier Romain Billard ont ouvert Smørrebrød il y a un peu plus de quatre ans. Et autant vous prévenir tout de suite, bizarrement, vous ne trouverez pas de smørrebrøds chez Smørrebrød. C’est étrange, mais c’est comme ça. Côté déco, là évidemment vous ne serez pas déçu si vous espérez du design scandinave et du bois clair. Mais côté cuisine, les assiettes tapas à partager comme les menus du diner à 36 et 55€ font plutôt la part belle aux produits hexagonaux bien sourcés dans des recettes bien exécutées.

Le temps d’un verre

Mais si vous préférez lever le coude autour d’assiettes simples et goûtues dans une ambiance épicerie-bar à vins, direction Le Temps d’un Verre, l’excellente cave à manger d’Alexandre Szubski. Belle sélection de vins naturels, dont une bonne partie de crus locaux, et pour accompagner ces divins breuvages, quelques planches garnies des charcuteries d’Emmanuel Chavassieux et Julien Cormier, des terrines et rillettes de la Ferme Guy, des fromages d’Olivier Nivelle ou des fruits de mer venus de La Perle des Dieux. Et selon les soirs, des petites assiettes chaudes rassérénantes.

Dimanche à Clermont-Ferrand

Les puces des Salins

Vous n’êtes pas obligé d’y être à 7h00 du matin, mais si l’envie vous en prend, sachez que les brocanteurs, qui comme chacun sait, sont d’humeur matinale, feront déjà le pied de grue aux Puces des Salins, place Gambetta, prêts à accueillir le chineur en quête de bonnes affaires. Mais bon, vous pouvez y aller un peu plus tard.

Jaude fait son marché

Les premiers et troisièmes dimanches de chaque mois, producteurs locaux et bios se retrouvent place Jaude pour le bienommé « Jaude fait son marché ». Les champignons de Christine Jonas, les tisanes et les bières de Marion Couillard, les fromages de Laura Greze en provenance de Saint-Flour, le Saint-Nectaire d’Alain Hérault, le safran de Bernard Fayet, producteur à Trézelles… Du local, du bio, du bon.

L’Armoire à Cuillères

Si vous n’avez pas trouvé de quoi grignoter au marché de Jaude et si vous êtes d’attaque pour un brunch dominical, rendez-vous à L’Armoire à Cuillères, le mini bar à chocolat de Mallorie Bournel. La jeune femme non contente d’exceller dans l’art du chocolat chaud, ne laisse rien au hasard. Lisez plutôt la manière dont elle choisit ses producteurs : « Notre bon lait BIO et crémeux des chocolats chauds vient des vaches du producteur Nicolas Achard du GAEC de Montjeudi à Olby. La farine sort du Moulin Gribory, à Chatelus. Le café est torréfié à Issoire par Chazal. Le pain des tartines vient du Pain Paillasse, rue du Cheval Blanc. Les fraises charnues et rouge vermillon sont celles du Verger d’Ornon, chez Jean-François Brivary, à Lezoux. Le miel doré et le confit de noisettes est produit par les abeilles de la Miellerie de Grattepaille, sous l’oeil avisé de Samuel Lepeltier, à Saint Préjet Armandon. » Rassurant autant qu’alléchant, n’est-il point ?

Musée d’Art Roger Quillot

Situé à Montferrand, cher aux plus rugbymen d’entre-vous, le Musée d’Art Roger-Quilliot, alias le MARQ, alias le Musée des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand, est installé dans un ancien couvent d’ursulines. Il présente sur six niveaux des collections de peintures, sculptures, arts décoratifs, de l’époque médiévale jusqu’au XXe siècle dont des chefs d’œuvres de Chassériau, Doré, Bartholdi ou Fragonard. Attention, ouverture de 10h à 12h et de 13h à 18h. À Montferrand, on ne plaisante pas avec l’heure du déjeuner.

L’aventure Michelin

Parce qu’on aime tous le Bibendum, pourquoi ne pas succomber au plaisir coupable d’aller visiter L’Aventure Michelin, le musée consacré au fabricant de pneus que le monde entier nous envie ? Des Bibendums de toutes les tailles, des voitures rigolotes, des animations interactives… Vive les dimanches après-midi.

Basilique Notre-Dame-du-Port

Enfin, vous ne sauriez terminer votre week-end à Clermont-Ferrand sans visiter la Basilique Notre-Dame-du-Port, joyau de l’art roman, célèbre pour son chevet pyramidal orné de rosaces, son portail sculpté et ses plus de 250 chapiteaux romans aux remarquables décors.

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