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Le week-end à Hambourg de monsieur bernard

Henrik Spohler, Containerterminal Hamburg, aus dem Projekt In Between

Il n’y a pas que Berlin dans la vie. Soit, la capitale allemande constitue à n’en pas douter une excellente destination pour votre congé de fin de semaine bien mérité. Mais le pays qui a vu naître Karl Marx, Karl Lagerfeld et Karl-Heinz Rummenigge compte un nombre certain de villes dignes d’intérêt. Tenez, par exemple, au hasard, Hambourg. D’autant plus que l’exposition « Modern Times, Industrial Themes in Painting & Photography » à l’affiche de l’excellent Bucerius Kunstforum, du 26 juin au 26 septembre 2021, constitue une excellente raison d’aller faire un tour dans la ville natale du regretté Karl (quel que soir votre Karl favori). Allez hop, schnell, week-end à Hambourg.

Dormons à Hambourg

La très bonne nouvelle est que la ville libre et hanséatique de Hambourg (selon son appellation officielle) regorge d’hôtels de style à prix abordables. Du très fifties Hotel Henri au très urban nomad 25hours Altes Hafenamt en passant par le très mamashelterien Ruby Lotti et les très backpackers Superbude, monsieur bernard vous a fait une sélection de lieux de villégiature qui saura contenter le voyageur exigeant et néanmoins ouvert d’esprit.

Hotel Henri

Pour une ambiance club privé très fifties, téléphone en bakélite et frigo Smeg, direction l’Hotel Henri. A 138€ le L-studio de 30m2 et à 158€ la suite de 40m2, le rapport qualité-prix est indéniablement de très bonne facture.

25hours Altes Hafenamt

Mais si vous êtes en quête d’un hôtel un brin plus funky, le 25hours Altes Hafenamt est fait pour vous. La chaîne allemande qui envahit peu à peu l’Europe a installé son antenne hambourgeoise dans le plus vieux bâtiment de HafenCity, un immeuble de brique datant de 1885, ancien siège des constructions portuaires, revampé par l’excellente agence de design Dreimeta. Le résultat ? 49 chambres de bon goût, un restaurant, le Neni, et un bar, le Boilerman.

Ruby Lotti

Ruby, l’autre chaîne d’hôtel allemande über cool, présente en Allemagne, en Autriche, à Londres, et bientôt en Suisse et en Finlande, a quant à elle choisi le siège d’une ancienne maison d’édition au bord d’un des canaux de Hambourg pour y installer le Ruby Lotti. La décoration oscille entre hommage au journalisme version sixties et influences maritimes. Chambres double à partir de 103€ la nuit.

Superbude

L’hôtel rigolo de Hambourg se nomme le Superbude. Le plus ancien des luxury hostels de Hambourg dispose de deux adresses au choix : l’une dans le très vivant quartier de St Pauli, l’autre dans le plus calme et très central quartier de St Georg. Chambre double à partir de 65€, chambre pour 4 à 95€, et pour les grandes tribus, les studios pour 6 à 140€.

Le diner du vendredi soir

Fils de boucher, Nils Berechnender a ouvert Berta Emil Richard Schneider en 2017 avec pour idée de revisiter les plats traditionnels du nord de l’Allemagne. Dans une enfilade de petites salles alternant briques, bois et tonalités bleu-vert, voici le spot idéal pour se plonger derechef dans la nouvelle cuisine hambourgeoise.

Samedi

Commencez donc la journée par une visite chez Ladage & Oelke (ouverture des portes à 10h) qui habille les gentlemen de Hambourg depuis 1845 dans le plus pur « anglo-hanseatic style ».

Modern Times au Bucerius Kunst Forum

Il est 11h, vous voici donc devant les portes du Bucerius Kunst Forum qui vient d’ouvrir. « Moderne Zeitung, Industrie im Blick von Malerei und Fotografie » examine les représentations changeantes de l’industrie par les artistes sur une période de 175 ans. Avec 40 peintures et 150 photographies, il s’agit de la première exposition à traiter ce sujet à travers un large dialogue entre les deux médiums. Au programme : scènes d’usine idylliques des années 1850 et plus critiques à partir de 1900, photographie subjective de l’après-guerre et photo-reportages des années 1960 et 1970.

Bernd und Hilla Becher: Förderturm, Fosse Noeux no. 13, Frankreich, 1972
Hans Baluschek: Arbeiterinnen, 1900
Heinrich Kley: Die Kruppʼschen Teufel, um 1912/13
Franz Radziwill: Der Sender Norddeich, 1933
Rudolf Holtappel: Vor August-Thyssen-Hütte, Duisburg-Hamborn 1959
Evelyn Richter: Kammgarnspinnerei, Leipzig 1970
Peter Keetman: Vordere Abschlussbleche, aus der Serie: Eine Woche im Volkswagenwerk, Wolfsburg 1953

L’heure du déjeuner ayant sonné, direction le Erste Liebe Bar, qui comme son nom l’indique (pour les plus germanophones d’entre vous), vous comblera non seulement en nourriture saine mais vous permettra également d’assouvir votre soif d’art puisque les murs y sont remplis de photographies, street art, tableaux et autres installations.

Remontez ensuite vers Große Bleichen où se trouve la très élégante Kaisergalerie. A l’intérieur, l’Uzwei Editorial Store de Florian Braun. Ce grand espace dédié au trio mode/accessoire/maroquinerie, troué d’un sculptural escalier de bois du plus bel effet, est un temple à la gloire des créateurs allemands, britanniques et japonais. Chic et cher donc.

Cap au nord pour une promenade dans le quartier arty du centre de Hambourg. Gängeviertel est un pâté de maisons du XIXè squatté depuis dix ans par une communauté d’artistes. C’est là que se situe Xyz Cargo, fabriquant de triporteurs modulaires et utilitaires basé à Copenhague et Hambourg. Il a fallu deux ans de recherche et développement au collectif artistique danois N55 pour mettre au point ces cycles révolutionnaires. Il vous en coutera 1550€ pour repartir en XYZ Cargo Bike, et 1750€ pour ramener XYZ Cargo Trike (150 kg de charge utile tout de même).

Montez ensuite jusqu’à Sternstraße pour une pause méritée au Hermetic Coffee Roasters. Mika Niu, artiste conceptuel propriétaire des lieux, avait initialement dénommé son café-galerie « Less Political ». Cette ancienne étable du quartier de Schanzenviertel est désormais entièrement consacrée à l’art de la torréfaction et à la dégustation du divin breuvage dans un décor minimaliste (murs blancs et tables en bois).

Vous êtes prêts à pousser la porte voisine. Chez Wohnkultur 66, Anna Martina Münch et Manfred Werner proposent des rééditions de meubles de la première moitié du XXè siècle parmi lesquels Bruno Mathsson, Brdr. Petersens Polstermöbelfabrik, PP Möbler, House of Finn Juhl, Richard Neutra collection by VS, et des pièces uniques comme les céramiques de Lutz Könecke, les luminaires de Konrad Frieden ou les tapis de l’artiste perse Lila Validant. Très chic et très pointu donc.

Remontez ensuite Lagerstraße jusque chez Luv Interior, le magasin de meubles et de design préféré des hambourgeois qui a élu domicile dans une belle et grande maison de brique.

Après ce samedi bien rempli, vous avez bien mérité votre diner chez Haco le restaurant de Björn Juhnke, chef tatoué au crâne rasé, qui a transformé un bar de quartier en haut lieu de la gastronomie nordique. Menu en 4 services à 49€ de très haute volée, et si vous avez très faim et que vous êtes prêts à mettre 119€ dans votre diner, vous pouvez aussi opter pour le menu en 12 services.

Dimanche

Si vous êtes du genre sportif et que votre truc, c’est la natation, commencez donc la journée du dimanche à l’Holthusenbad, dans le quartier d’Eppendorf. A l’intérieur, une grande piscine à vagues et un bain thermal à 34°, un spa et un sauna. A l’extérieur, une piscine d’eau fraiche. Même si votre record au 50 mètres papillon ne vous vaut pas une sélection dans votre équipe nationale olympique, l’architecture du lieu vaut à elle seule le déplacement. Ouvert le week-end de 10h à 23h.

Mais si vous êtes du genre sportif, et que votre truc, c’est le running, allez donc courir dans Hafen City pour découvrir le joyau architectural de Hambourg, l’Elbphilharmonie, vague de verre coiffée d’écume posée sur un socle de briques rouge, signée Herzog & De Meuron. Empruntez le vertigineux Escalator de 82 mètres de long menant à une terrasse perchée à 37 mètres, d’où vous pourrez admirer le ballet des porte-conteneurs du port.

Une bonne douche et un petit-déjeuner réparateur et vous voici d’attaque pour votre marathon muséal. Soyez d’une ponctualité germanique pour l’ouverture des portes des gigantesques Deichtorhallen, composées d’une aile dédiée à l’art contemporain, la seconde étant consacrée à la photographie. Ces anciennes halles de marché édifiées en 1911 se situent dans un quartier de friches ferroviaires devenu le haut lieu de l’art contemporain.

Deux options pour le déjeuner. Si vous êtes fans des grandes halles où l’on peut à la fois faire son marché et se sustenter au milieu des étalages de produits du terroir, rendez-vous au Hobenköök Restaurant Markthalle à six minutes à pied des Deichtorhallen.

Mais s’il s’agit de votre premier séjour à Hambourg, il vous sera difficile d’échapper à l’un des incontournables de la ville, à savoir l’illustre Oberhafen-Kantine, aussi connue pour son délicieux hamburger que pour la drôle de maison un tantinet de guingois qui l’abrite.

Si vous êtes un fana d’automobiles, faites un petit tour à l’Automuseum Prototyp voisin.

Sinon, retraversez le canal par l’Oberhafenbrücke et retournez dans la direction des Deichtorhallen que vous dépasserez pour atteindre la Kunsthaus, galerie d’art à but non lucratif lancée par la ville dans les années 60 et aujourd’hui dirigée par Katja Schroeder. Et juste à côté, dans le même ensemble d’anciennes halles couvertes, la Kunstverein, dont les actionnaires sont les artistes eux-mêmes.

Pour terminer le week-end en beauté, passage obligé chez Manufactum, élue par monsieur bernard plus belle enseigne de magasin allemande au monde. La première bonne raison d’y aller est que l’antenne hambourgeoise se situe dans la Chilehaus, chef d’oeuvre de l’architecture expressionniste en brique noire des années 20. La seconde raison étant que la chaîne de grands magasins créée en 1988 par le designer de luminaires Thomas Hoof est un temple dédié au bon goût et aux produits de qualité.

Si vous avez été rapide et s’il vous reste du temps, monsieur bernard vous conseille fortement une halte à la Kunsthalle, qui possède l’une des plus importantes collections d’art en Allemagne. Du classique avec Holbein, Cranach et Caspar David Friedrich, et du contemporain avec Richard Serra, Bruce Nauman, Gerhard Richter, Georg Baselitz et Joseph Beuys. Fermeture des portes à 18h.

Bon, normalement, c’est l’heure de repartir, mais si vous restez trois jours, profitez-en pour visiter deux lieux un peu excentrés, mais qui valent vraiment le détour : à l’ouest de Hambourg, la Ernst Barlach Haus, villa moderniste construite en 1962 par l’architecte Werner Kallmorgen.

Au sud, la Sammlung Falkenberg ancienne usine de pneus Continental rachetée en 2007 par le milliardaire et collectionneur Harald Falkenberg et reconvertie en galerie d’art par l’architecte berlinois Roger Bundschuh. Géré par Jenny Falkenberg, fille du sus-nommé milliardaire, ce vaste loft de 600 m2 rempli d’oeuvres d’art pointues se visite sur rendez-vous (ouvert seulement le dimanche de 12h à 17h).

Cliquez ici avec votre doigt (ou avec votre souris si vous êtes sur un ordinateur muni de l’ustensile en question) pour accéder à la page consacrée aux adresses de monsieur bernard à Hambourg.