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Le week-end au Festival de La Gacilly 2020 de monsieur bernard

L’une des mauvaises nouvelles de l’année 2020, c’est que l’immense majorité des festivals estivaux a été annulée. A commencer par les Rencontres d’Arles. L’excellente nouvelle de l’année 2020, c’est que le Festival photo de La Gacilly a été maintenu. Donc, monsieur bernard, en tant que visiteur fidèle de cette manifestation hautement recommandable, vous suggère avec insistance de planifier un week-end en Bretagne.

Dormons à La Gacilly

Deux options charmantes dans des styles assez différents : La Grée des Landes, l’éco-hôtel spa chic et green de la maison Yves Rocher, et le Manoir de Trégaray, belle bâtisse bretonne reconvertie en chambres d’hôtes.

La Grée des Landes

La Grée des Landes, l’éco-hôtel spa Yves Rocher. 28 chambres sobres et classiques disposant de tout le confort attendu d’un 4 étoiles, 1 suite « prestige », 3 suites « végétales » et 1 cabane au milieu des arbres.

Le Manoir de Tregaray

A quelques minutes de La Gacilly, le Manoir de Tregaray constitue également un très bon choix. Chambres comme chez grand-mère au sein du manoir et plus déco/rustiques dans le cottage.

Le diner du vendredi soir

Qui dit Bretagne dit galette. Donc, diner du vendredi soir au Bar Breton.

Samedi

L’ Emmaüs de La Gacilly est ouvert chaque samedi de 9h30 à 12h30, vous pouvez donc y commencer votre journée, avant d’enchaîner avec votre marathon photographique.

Emmanuel Honorato Vazquez (Equateur)

Il est l’un des plus importants photographes équatoriens. Pourtant, jusqu’à récemment, ses clichés n’avaient jamais été exhumés – la société conservatrice préférant que son œuvre disparaisse. Issu d’une famille aisée, Emmanuel Honorato Vázquez est rebelle, iconoclaste et anticlérical, bohême et épicurien. Mort prématurément, cet écrivain et photographe résolument moderne, aura marqué sans le savoir l’histoire de son pays. Grâce au travail acharné d’un archiviste, Patricio Tipan Lucero, et au concours du gouvernement de la municipalité de Quito, un livre rassemblant ses images a pu voir le jour en 2018. « La plus grande qualité du travail d’Honorato est sans aucun doute la profondeur de ses portraits, sa capacité à pénétrer la vie de ses modèles », écrit Pablo Corral Vega, photographe équatorien également exposé au Festival Photo La Gacilly. Pour la première fois en Europe, nous pourrons découvrir la force créatrice de cet immense artiste sur cette période historique au cours de laquelle l’Amérique latine s’éveille doucement au tourbillon de la modernité. Il nous montre une société stratifiée, complexe et profondément inégale, mais riche en traditions, en coutumes et en célébrations rituelles… dont certaines n’ont pas su résister à l’épreuve du temps.

Cassio Vasconcelos (Brésil)

La Gacilly présente deux séries de l’excellent photographe brésilien Cassio Vasconcelos.

Vertigineuses images que celles de ce photographe brésilien. Fort heureusement, la plupart ne sont pas réelles. Comme celle, étourdissante, d’un tarmac imaginaire où les 250 avions forment un impossible entrelacs de carlingues qui laisse présager, peut-être, un futur cauchemardesque. 800 heures de travail auront été nécessaires à la création de ce cliché. L’auteur, fasciné par les chiffres délirants de notre monde ultra-moderne, s’emploie à les illustrer. Dans la même série Collectives, une photo de 50 000 voitures alignées ébahit celui qui la contemple… alors qu’elle ne représente, finalement, qu’un petit pourcent des 5 millions de véhicules recensés à São Paulo, la ville natale de l’artiste. Amoureux de la photographie aérienne, explorant cet univers industriel jusqu’à l’outrance, Vasconcellos aime brouiller les pistes et les styles. En confrontation avec cette vision apocalyptique d’un monde dominé par la machine, il nous oppose cette série, Un voyage pittoresque au travers du Brésil. Cet ensemble aux couleurs monochromes sur la forêt primitive brésilienne rend hommage à son arrière-arrière-grand-père, botaniste du 19e siècle qui accompagna les expéditions de l’explorateur Ludwig Riedel. Inspirés des gravures réalisées dans les années 1820 par le comte de Clarac, archéologue et savant français, ces visuels nous plongent instantanément dans un espace naturel d’un autre temps, comme pour témoigner de son extinction en cours.

Luisa Dorr (Brésil)

Récompensée par un prix au World Press Photo de 2019, la jeune photographe brésilienne Luisa Dörr s’illustre depuis plusieurs années déjà par sa grande maîtrise du portrait et des couleurs.

Composée principalement de deux séries différentes, cette exposition explore d’abord l’univers des Flying Cholitas, ces femmes boliviennes qui s’emparent des codes du monde très masculin de la lutte pour promouvoir l’émancipation des femmes dans leur communauté. La photographe nous emmène aussi en Espagne, avec sa série Falleras, pendant les Fallas de Valence, où des femmes préparent leurs robes et costumes toute l’année pour déambuler dans les rues jalonnées de sculptures géantes en papier mâché. Deux histoires où les traditions se heurtent, ou épousent la modernité. Luisa Dörr appartient à cette jeune génération de photographes qui revendiquent la présence des femmes sur le devant de la scène, multipliant les portraits de ses contemporaines, explorant les bas-fonds des favellas comme le mode de vie de la grande bourgeoisie, donnant à chaque fois à ses sujets la dignité de leur condition.

Le diner du samedi soir

Si 50 minutes de route ne vous font pas peur et que vous prend une double envie de voir la mer et de faire un excellent diner, direction Vannes. Empreinte, coup de coeur du Guide Fooding 2020, mérite le détour, comme on dit dans le Guide Michelin. Dans un décor papier peint anglais, chaises fifties et tables en terrazzo noir, Marine Fournier, ancienne décoratrice, vous accueille chaleureusement avant de vous servir les menus (40 ou 50€) concoctés par son mari Baptiste (ex-Bras et Piège) et garantis locavores. Si vous ne résistez pas à quelques verres de vin (à consommer avec modération) et qu’aucun d’entre vous n’est prêt se sacrifier pour rester sobre et assurer la route du retour, vous pouvez aussi choisir l’option « je dine chez Empreinte le vendredi soir en sortant de mon TGV et je dors à l’Ibis Style de la gare de Vannes avant de prendre ma voiture de location pour aller à La Gacilly samedi matin ».

Dimanche

Marcos Lopez (Argentine)

Ses couleurs évoquent évidemment Martin Parr, son humour rappelle aussi celui de Peter Dench et ses images ne sont pas sans invoquer les codes d’Andy Warhol. Marcos López, grand nom de la photographie argentine, embrassera ce métier après la Coupe du monde de 1978 où il côtoie les photographes réunis pour couvrir l’événement.

Connu pour sa série Pop Latino, ses photos se composent comme des tableaux où s’entrechoquent pop culture, culture américaine et clichés (dans tous les sens du terme) de l’Amérique latine. Bien loin de ses premiers travaux en noir et blanc publiés dans un livre en 1993, il illustre ici sa conception originale et surréaliste du monde qui l’entoure ; une critique amusée et cinglante de notre société de consommation et de notre époque moderne. « J’aime exagérer », aime répéter Marcos López, à la fois provocateur et observateur, mélangeant volontairement le profane et le sacré, revisitant à sa façon, dans un kitsch décapant, les grands tableaux religieux dans une société sud-américaine si empreinte de dévotion.

Cliquez ici avec votre doigt (ou avec votre souris si vous êtes sur un ordinateur muni de l’ustensile en question) pour accéder à la page consacrée aux adresses de monsieur bernard à La Gacilly.