Catégories
City Guide

Le week-end à Tbilissi de monsieur bernard

Amis de l’architecture, du design, des vins naturels, de la cuisine conviviale, et de la jovialité, Tbilissi est faite pour vous. Car que vous soyez amateur de brutalisme époque soviétique ou de lieux de culte chargés d’histoire, de mobilier pointu ou de vieilles choses dénichées au marché aux puces, de plats traditionnels ou de cuisine sous influence, vous trouverez tout ça dans la capitale géorgienne, avec cerise sur le gâteau, des autochtones dont la bienveillance et le dynamisme ne sont rien moins que proverbiaux. Alors qu’attendez-vous ? Allez hop, week-end à Tbilissi.

Dormons à Tbilissi

Stamba Hotel

Valeri Chekheria est l’hôtelier star de la Géorgie. Egalement à la tête du cabinet d’architectes Adjara Group, il s’est fait une spécialité de réhabiliter des anciens bâtiments industriels de l’époque soviétique pour en faire des hôtels plus stylés tu meurs. Après le Rooms Hotel (à partir de 140€ la double), il a poursuivi la rénovation d’une gigantesque ancienne imprimerie-maison d’édition du début du XXème siècle du quartier de Vera pour ouvrir le Stamba Hotel. Spectaculaire lobby bibliothèque, armature en béton, piscine sur le toit, et cerise sur le gâteau, Musée de la Photographie à l’intérieur de l’hôtel. A partir de 160€ la chambre double.

Communal Sololaki

Moins cher, moins chic, mais absolument sympathique, le Communal Sololaki est un petit hôtel de 13 chambres inclus accueil chaleureux, petit-déjeuner gargantuesque sur la table commune et jolies chambres pour la modique somme de 70€. Tentant, n’est-il pas ?

Fabrika Hostel

Si vous êtes d’humeur festive, dormez donc à la Fabrika, ancienne usine textile de l’ère soviétique, également réhabilitée par Valeri Chekheria, désormais haut lieu des soirées géorgiennes, où se mêlent boutiques, espace de coworking, restaurants et… hostel. Donc, le Fabrika Hostel propose lits en dortoir, chambres familiales et chambres double à partir de 60€.

Writer’s House

Sinon, vous pouvez aussi dormir à la Writer’s House. Son histoire remonte à 1905, lorsque le philanthrope et père du brandy géorgien, David Sarajishvili, a achevé la construction d’une maison pour commémorer son 25e anniversaire de mariage avec Ekaterine Porakishvili. Après leur mort, la maison a été vendue aux enchères en 1918 au magnat du pétrole philanthrope Akaki Khoshtaria, qui a fui à Paris lorsque les bolcheviks ont envahi la Géorgie en 1921. L’État a transformé la maison en l’Union des écrivains deux ans plus tard. John Steinbeck y a dormi en 1947. En octobre 2008, l’Union des écrivains est devenue la Maison des écrivains, administrée par le ministère géorgien de la Culture. Lorsque Natasha Lmouri est arrivée trois ans plus tard en tant que directrice, la maison était en ruine. Des rampes cassées, des escaliers manquants, des parquets déchirés, des murs de plâtre moisis, un jardin de mauvaises herbes et une douzaine de vieux écrivains poussiéreux constituaient l’héritage de 70 ans de communisme et de près de 20 ans d’indépendance. Nata et son équipe ont commencé à reconstruire l’ancien manoir de Sarajishvili, pièce par pièce. Il a ouvert avec quelques pièces restaurées en 2013, accueillant écrivains et personnalités.

Le diner du vendredi

Poliphonia Tbilissi

Suite à la pandémie, les propriétaires du Poliphonia Tbilissi ont réorganisé leur lieu autour de deux bars à vins, d’une brasserie et d’une pizzeria qui font la part belle aux vins naturels géorgiens.

Keto & Kote

Sur les hauteurs de la ville, dans une maison du XIX, Keto & Kote propose une cuisine traditionnelle locale mitonnée par le chef Ramaz Gemiashvili dans un décor bohème chic que ne renierait pas votre magazine de déco préféré.

Akura San

La chef Tekuna Gachechiladze qui a révolutionné la cuisine géorgienne, fondé sa propre école, Culinarium, et qui officie depuis 2004 au Café Littera de la Writer’s House (dont on vous reparle plus bas) a ouvert, avec son mari Irakli Bluishvili, Akura San, une izakaya bar à vins dont vous nous direz des nouvelles.

Samedi à Tbilissi

The palace of Rituals

Pour commencer la visite, direction le sud-est de Tbilissi. Construit en 1984 pour y célébrer les mariages, le Palace of Rituals a été conçu par les architectes Victor Djorbenadze and Vazha Orbeladze. Le bâtiment, s’appuyant sur des influences aussi diverses que l’expressionnisme des années 1920 et l’architecture médiévale géorgienne, a été acheté en 2002 par l’oligarque Badri Patarkatsishvili pour en faire sa résidence personnelle. Depuis 2013, il est exploité par une société d’événements qui y organise mariages, cocktails et autres réceptions.

Rhike Park

Retour dans le centre pour une visite de Rhike Park. L’ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili a confié au cabinet de Massimiliano Fuksas le soin de créer un immense complexe regroupant théâtre musical et salle d’exposition, une structure tubulaire futuriste faite de verre et d’acier, comme un périscope donnant sur la Koura. Spectaculaire.

Forteresse Narikala

Prenez de la hauteur. Embarquez à bord du téléphérique (départ dans le Rhike Park), direction la forteresse de Narikala. Située sur une falaise du mont Sololaki, la citadelle date du IVe siècle. Chaque invasion – arabe, mongole, perse, ottomane ou russe – lui a apporté ou ôté un élément, c’est selon. Panorama splendide, qui s’étend sur les deux rives de la Koura. De la forteresse, on prend un sentier d’environ 500 mètres, qui mène au sommet de Sololaki à la statue de Kartlis Deda, la mère du peuple géorgien. En aluminium, haute de 20 mètres, elle fut érigée en 1958 pour fêter les 1 500 ans de Tbilissi. D’inspiration toute soviétique, elle tient dans une main un bol de vin pour les amis, et dans l’autre un glaive pour les ennemis.

Jardin Botanique

Pour la modique somme de 1,30€, vous redescendrez par le magnifique jardin botanique avec en bonus un très joli jardin japonais.

La Mosquée Jumah et les bains Orbeliani

Redescendez à pied vers la ville en passant par la mosquée Jumah, la dernière de Tbilissi. Edifiée vers 1720 par les Ottomans (sunnites), elle sera détruite par les Iraniens (chiites) en 1740 et reconstruite par un architecte italien, au XIXe siècle. Elle sera ensuite à nouveau détruite et rebâtie. Juste en dessous de la mosquée, si l’odeur de souffre ne vous incommode pas et que vous avez réservé, allez vous plonger dans les bains Orbeliani que vous reconnaitrez aisément grâce à leur façade de mosaïque bleue.

La mosquée Jumah (brique rouge) surplombant les bains Orbeliani (mosaïque bleue)
L’intérieur de la Mosquée Jumah.
Les bains Orbeliani

Marani Restaurant

Faites un stop à la terasse du restaurant Marani. Selon l’heure et l’état de votre estomac, café ou déjeuner avec vue sur la vieille ville, les bains et la citadelle. Au menu des spécialités géorgiennes comme les khinkalis, de gros raviolis fourrés à la viande, aux champignons ou au fromage, ou le khatchapouri, sorte de pizza au fromage. Selon le timing, vous pouvez aussi patienter en attendant de rejoindre le Café Littera dont on vous parle un peu plus bas.

Musée Archéologique

Descendez ensuite jusqu’au 1 rue Abano. Sauf si vous êtes un émule d’Indiana Jones, vous pouvez sans doute vous passer de la visite de l’Antique Archeological Museum, par contre, vous ne sauriez manquer ce petit bijou d’architecture brutaliste dû aux architectes Shota Kavlashvili et Shota Bostanashvili et au sculpteur Tengiz Kikalishvili.

Cathédrale Arménienne Saint-Georges

Tbilissi, dans un pays à majorité orthodoxe, est un carrefour des religions. En remontant la rue Samghebro, vous tomberez sur la cathédrale arménienne Saint-Georges (Surp-Kevork), aux fresques magnifiques. Le bâtiment de brique rouge côtoie presque la grande synagogue, située à l’angle de la rue de Jérusalem.

Cathédrale Sioni

Vous passerez ensuite par la Cathédrale Orthodoxe de la rue Sioni qui en plus d’être très jolie, abrite les reliques de la croix de sainte Nino.

Cafe Littera

Bon, si vous dormez à la Writer’s House, vous connaissez l’endroit. Sinon, c’est l’occasion d’aller le découvrir. Selon l’heure, café ou déjeuner au Café Littera, dont le jardin a été élu par monsieur bernard la terrasse la plus paisible de Tbilissi. Côté cuisine, la chef Tekuna Gachechiladze qui a révolutionné la cuisine géorgienne et fondé sa propre école, Culinarium, y fait des merveilles depuis l’ouverture du restaurant en 2004.

Buyers

Ne vous fiez pas à l’absence de vitrine. car il faut sonner et monter dans les étages de l’immeuble (habité en son temps par le sinistre Beria, bras droit de Staline) pour accéder à Buyers, le magasin le plus branché de Tbilissi. Des bijoux, de la mode, de la déco, de la cosmétique, des livres, et un magazine online tout ce qu’il y a de plus pointu.

Musée National de Géorgie

C’est au début des champs-élysées locaux, l’avenue Roustaveli, que se situe le Musée National Géorgien, qui recèle en son sein l’or de Colchide, que les plus hellénistes d’entre vous auront bien entendu associé au mythe de Jason et des Argonautes. Donc si vous aimez l’or et les bijoux antiques, la visite est assez incontournable. Au dernier étage, aucun rapport mais au cas où ça vous intéresse, le musée de l’occupation soviétique, un peu plus sombre donc.

They said books

Vous remonterez ensuite l’avenue Roustaveli, dont l’intérêt ne réside sans doute pas dans la succession de boutiques de luxe internationales mais plutôt dans quelques bâtiments dont les amateurs d’architecture que vous êtes sauront apprécier à leur juste valeur. L’autre intérêt de remonter l’avenue étant que l’heure de se poser ayant largement sonné, il se trouve qu’à l’extrémité nord de la dite avenue, au 10 de la rue Giorgi Akhvlediani pour être précis, se trouve They said books. Et on vous y servira au choix, un excellent café tout droit venu du torréfacteur berlinois Five Elephant, ou un rafraichissement bien mérité. En prime, au rez-de-chaussée, vous pourrez également faire le plein de livres avec une belle sélection art, design et architecture.

Le diner du samedi soir

Chveni

Après avoir parcouru le monde, le chef Guram Baghdoshvili est rentré au bercail pour ouvrir Chveni, où vous pourrez déguster une cuisine géorgienne sous influence asiatique, aussi simple que savoureuse dans un cadre aussi sympathique qu’agréable. Que demander de plus ?

Barbarestan

Barbarestan, c’est le titre d’un livre de cuisine rassemblant les recettes imaginées en 1874 par la princesse Barbara Jorjadze. Et c’est la bible culinaire de la famille Kurasbediani, propriétaire du restaurant, qui a confié la supervision de la carte au chef Davit Narimanishvili. Donc, cuisine inspirée de recettes ancestrales dans un cadre tout ce qu’il y a de plus géorgien.

Dimanche à Tbilissi

Et si vous entamiez votre matinée dominicale par un tour des chefs d’oeuvre brutalistes de la Géorgie soviétique. Ce ne serait pas une bonne idée ça ? Allez hop, prenez votre plus bel appareil photo, et en route.

The Chronicle of Georgia

Surnommée le Stonehenge Géorgien, la sculpture de Zurab Konstantines dze Tsereteli est l’un des emblèmes de la ville. Sa construction a débuté en 1985 sous le régime soviétique et est encore partiellement incomplète. Composé de colonnes de 30 mètres de haut, ce monument un rien massif présente les histoires d’anciennes reines, héros et rois du royaume de Sakartvelo tandis que les panneaux inférieurs représentent des épisodes de la vie du Christ.

Bank of Georgia

Le siège de la Banque Nationale de Géorgie est sans doute le monument de plus célèbre de Tbilissi. Achevé en 1975, ce bâtiment abritait le Ministère des Routes durant la période soviétique. Il est l’oeuvre des architectes géorgiens Zurab Jalaghania et Giorgi Chavchava, ce dernier étant par ailleurs le sous-ministre des routes durant les années 70. Une icône pour les amateurs de constructivisme soviétique et pour tous ceux qui ont passé quelques dizaines d’heures à jouer au Tétris.

Nutsubidze Plato

Après ces mises en bouche matinales, il est temps de passer au plat de résistance. Car dans le genre violemment brutaliste, le Nutsubidze Plato est un modèle du genre. Les clichés issus de l’excellente série du photographe australien Alex Schoelcher que vous pouvez découvrir ci-dessous vous donne un aperçu de la chose. Construit entre 1974 et 1976 par les architectes O. Kalandarishvili et G. Potskhishvili, le Nutsubidze Plato se compose de trois blocs d’habitation construits à flanc de colline et reliés entre eux par une passerelle suspendue des plus sommaires. Violemment brutaliste donc.

Technical Library

Retour dans le centre pour aller jeter un oeil à la façade de la spectaculaire Technical Library. Inaugurée en 1985, ce bâtiment du à l’architecte G. Bichiasshvili, est malheureusement laissé à l’abandon. Ce qui n’est pas une raison suffisante pour ne pas l’honorer de votre visite.

Technical Library – 45/57 Merab Kostava St – photo: Roberto Conte

Ghvinis Karkhana Wine factory N1

Construite à la fin du XIXe siècle selon les plans de l’architecte Alexander Ozerov, la « wine makery » de Ghvinis Karkhana a rouvert ses portes en 2017 pour devenir un des hauts lieu de la hype géorgienne. Des bars, des restaurants, une école de cuisine, une boulangerie, des espaces d’exposition, des bureaux, un studio d’art et un magasin chic dont on vous parle plus bas. Et donc au choix, pour déjeuner, l’excellent bar à vin Wine Factory N1, ou une terrasse assez idéale pour se repaitre de street-food locale. Et en bonus, il y a même une brocante au sous-sol.

Ieri

Dans le même bâtiment, Anka Tsitsishvili, directrice artistique de Ieri, a sélectionné 31 designers, tous originaires de Géorgie. Ieri distribue également la collection de Samoseli Pirveli Atelier, inspirée des vêtements traditionnels géorgiens et entièrement fait main, ainsi que des tapis vintage. Ieri c’est donc une boutique de mode, mais aussi une galerie, un café, revendiquant son statut de « inspiration spot » plutôt que concept store. Non mais !

Rooms Studio

Nata Janberidze et Keti Toloraia ont fondé Rooms Studio en 2007. Pour accéder au show-room de ces très talentueuses artistes designers, il va falloir prendre rendez-vous. Dans l’espace minimaliste situé juste au dessus du restaurant Keto & Kote, du bois, du métal, de la pierre, des tissus et des meubles mêlant inspiration traditionnelle et design contemporain. Vaut assurément la visite.

Dry Bridge Market

Un week-end de monsieur bernard ne serait pas un week-end de monsieur bernard sans un tour au marché aux puces local. Et la bonne nouvelle, c’est que celui de Tbilissi, le Dry Bridge Market, est un must. Et il est ouvert tous les jours de 10h à 17h.

Public Service Hall

Pour terminer ce week-end bien rempli, suivez le cours de la Koura et allez donc admirer le Public Service Hall conçu par les illustres Massimiliano and Doriana Fuksas et inauguré en septembre 2012. Composé de sept volumes, le bâtiment abrite la Banque Nationale de Géorgie, le Ministère de l’Energie et le Registre Civil National. L’omniprésence des surfaces vitrées se veut le symbole de la transparence de l’administration et de la disparition de la corruption. Le toit constitué de onze pétales soutenus par des piliers d’acier donne l’impression, lorsqu’on est à l’intérieur, de déambuler dans une sorte de forêt de champignons géants. Et ça, vous en conviendrez, c’est assez amusant.

Cliquez ici avec votre doigt (ou avec votre souris si vous êtes sur un ordinateur muni de l’ustensile en question) pour accéder à la page consacrée aux adresses de monsieur bernard à Tbilissi.