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Le week-end à La Gacilly de monsieur bernard à l’occasion du Festival Photo 2022

Fatimah Hossaini – Sous le voile

« Visions d’Orient » : ainsi s’intitule la 19ème édition du Festival de La Gacilly qui vient d’ouvrir ses portes, lesquelles resteront grandes ouvertes jusqu’au 30 septembre 2022. A l’affiche, le regretté Abbas, l’iranienne Gohar Dashti, l’afghane Fatimah Hossaini, et les rituelles expositions destinées à sensibiliser le public aux problèmes environnementaux, thème récurrent du Festival. Donc cet été, week-end en Bretagne. Sauf bien sûr si vous y séjournez pour quelques semaines de repos bien mérité. Auquel cas, nul besoin de planifier un week-end puisque vous serez sur place.

Dormons à La Gacilly

Deux options charmantes dans des styles assez différents : La Grée des Landes, l’éco-hôtel spa chic et green de la maison Yves Rocher, et le Manoir de Trégaray, belle bâtisse bretonne reconvertie en chambres d’hôtes.

La Grée des Landes

La Grée des Landes, l’éco-hôtel spa Yves Rocher. 28 chambres sobres et classiques disposant de tout le confort attendu d’un 4 étoiles, 1 suite « prestige », 3 suites « végétales » et 1 cabane au milieu des arbres.

Le Manoir de Tregaray

A quelques minutes de La Gacilly, le Manoir de Tregaray constitue également un très bon choix. Chambres comme chez grand-mère au sein du manoir et plus déco/rustiques dans le cottage.

Le diner du vendredi soir

Qui dit Bretagne dit galette. Donc, aucune question à se poser, diner du vendredi soir au Bar Breton.

Samedi

L’ Emmaüs de La Gacilly est ouvert chaque samedi de 9h30 à 12h30, vous pouvez donc y commencer votre journée, avant d’enchaîner avec votre marathon photographique.

Paul Almasy (France), au jardin de l’Aff

Dernier roi d’Afghanistan, Mohammad Zaher Shah règne sur le pays de 1933 jusqu’à 1973. En 1959, il encourage la scolarisation et l’émancipation des femmes ; en 1964, il fait adopter une constitution inspirée de celle de la Ve République française. Sous son règne, son pays cherche à s’ouvrir au monde extérieur.

Paul Almasy – Voyage dans un monde éclairé

Le photographe français Paul Almasy nous a quitté en 2003 et a eu la chance de pouvoir visiter cette nation qui rêvait de sortir d’un système féodal. Celui qui a visité tous les pays de la planète, à l’exception de la Mongolie, naît à Budapest en 1906 d’un père juif et d’une mère aristocrate. Il débute sa carrière dans les années 1930 et couvre les prémices de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne. Contrairement à la majorité des photoreporters de l’époque, Almasy sait qu’on ne raconte pas le monde qu’à travers les conflits et la violence mais, aussi, en s’attardant sur les difficultés sociales. En 1965, précurseur des problématiques qui deviendront centrales dans notre XXIe siècle, il publie notamment un vaste reportage sur le manque d’eau dans le monde.

Paul Almasy – Voyage dans un monde éclairé

C’est dans les années 1950-1960 qu’il découvre l’Afghanistan dont il rapporte des images qui semblent irréelles à l’heure où les talibans se sont à nouveau emparés du pays pour proclamer leur émirat islamique. Un regard historique et documentaire donc, nostalgique sans aucun doute, mais qui permet de mieux comprendre le passé de l’Afghanistan et – espérons-le – de présager de son futur délivré des griffes de l’obscurantisme.

Paul Almasy – Voyage dans un monde éclairé

Véronique de Viguerie (France), au jardin du Relais Postal

Véronique de Viguerie – Eclats de paix

A quelques pas, dans le jardin du Relais Postal vous découvrirez les clichés de Véronique de Viguerie. Elle pose pour la première fois le pied en Afghanistan en 1999. Elle a 21 ans et tombe immédiatement sous le charme du pays. « J’étais stupéfaite par tout ce qui m’entourait. J’avais l’impression d’avoir fait un voyage dans le temps ; les hommes portant des turbans, les femmes en burqas… » Elle prévoit de s’y installer quelques mois ; elle vivra à Kaboul pendant trois ans.

Véronique de Viguerie – Eclats de paix

Colombie, Irak, Somalie : Véronique de Viguerie connaît un succès retentissant très rapidement, se fait remarquer par les plus prestigieuses publications françaises et internationales et, photoreporter émérite, rafle toutes les récompenses : le prix Bayeux des correspondants de guerre, un World Press Photo, et plusieurs Visa d’or.

Véronique de Viguerie – Eclats de paix

Véronique de Viguerie couvre les évènements en Afghanistan depuis le début des années 2000. Ses sujets ont bien évidemment traité des complexités d’un pays meurtri par deux décennies de guerres intestines et d’occupation militaire, mais elle a toujours su réaliser des pas de côtés pour montrer la vie quotidienne des hommes et des femmes qui y vivent : en parallèle de ses sujets exclusifs sur les talibans, elle est capable de documenter la pratique du ski par les Hazaras de Bamiyan, mais aussi de montrer la tendresse d’un couple de paysans, l’espoir et le rire des plus jeunes.

Ce sont ces éclats de paix que nous présentons cette année à La Gacilly : des fragments d’intimité, des poussières de quiétude, des instants de calme loin du tumulte de la guerre et de l’écume de l’actualité.

Véronique de Viguerie – Eclats de paix

Stephan Gladieu (France), au Garage

Vous avez aimé ses portraits nord-coréens exposés à Arles l’an passé. Vous devriez plébisciter la série « Homo Detritus » de Stephan Gladieu exposée à La Gacilly cette année. Il y dénonce le scandale environnemental en cours dans la République démocratique du Congo. Deuxième plus grand pays des 54 états qui composent le continent africain, la RDC ou Congo Kinshasa possède l’un des sous-sols les plus riches au monde : or, coltan, diamant, cobalt, pétrole… Il demeure pourtant à la huitième place sur la liste des pays les plus pauvres de notre planète. Dans la capitale, les bidonvilles croulent sous les déchets en tout genre : téléphones portables, plastiques, bouchons, mousses synthétiques, chambres à air, tissus, câbles électriques, seringues, cartons, capsules, pièces détachées de voiture, canettes…

Dans cette série de portraits, Gladieu met en scène un collectif d’artistes fondé il y a six ans par le plasticien Eddy Ekete. Ces peintres, chanteurs et musiciens se sont unis pour dénoncer la tragédie de leur quotidien, les guerres qui en découlent, l’exploitation des femmes et des hommes, et la misère qui les prive de toute dignité. Utilisant les détritus comme matière première, ils confectionnent des tenues et des masques inspirés des traditions africaines pour dénoncer le chaos écologique dans lequel la RDC est maintenue.

« Le collectif m’a accueilli pour réaliser ce projet », raconte le photographe. « J’ai choisi de réaliser leurs portraits dans les rues de Kinshasa, avec des décors et des personnages qui se répondent. » Des Homo Détritus, fabuleusement grotesques et terriblement évocateurs d’un mal moderne : celui de la vanité de la surconsommation.

Le diner du samedi soir

Donc, comme vous êtes en Bretagne et que votre soirée crêpes de vendredi soir ne vous a pas coupé l’envie de poursuivre dans la thématique, allez tester Le Mouchoir de Poche, l’autre crêperie qui fait la fierté de La Gacilly.

Mais si 50 minutes de route ne vous font pas peur et que vous prend une double envie de voir la mer et de faire un excellent diner, direction Vannes. Empreinte, coup de coeur du Guide Fooding 2020, mérite le détour, comme on dit dans le Guide Michelin. Dans un décor papier peint anglais, chaises fifties et tables en terrazzo noir, Marine Fournier, ancienne décoratrice, vous accueille chaleureusement avant de vous servir les menus (40 ou 50€) concoctés par son mari Baptiste (ex-Bras et Piège) et garantis locavores. Si vous ne résistez pas à quelques verres de vin (à consommer avec modération) et qu’aucun d’entre vous n’est prêt se sacrifier pour rester sobre et assurer la route du retour, vous pouvez aussi choisir l’option « je dine chez Empreinte le vendredi soir en sortant de mon TGV et je dors à l’Ibis Style de la gare de Vannes avant de prendre ma voiture de location pour aller à La Gacilly samedi matin ».

Dimanche

Abbas (Iran), Prairie

En 2018, la photographie devenait orpheline de l’une de ses plus grandes légendes. Abbas Attar, qui voulait qu’on ne l’appelle que par son prénom, était un homme de peu de mots mais de 1001 images. Célèbre pour son regard sur la révolution iranienne de 1979 qu’il a pu couvrir dans son intégralité, son oeil n’a jamais été circonscrit à une seule région du monde. Fasciné par le Mexique et par tant d’autres pays, il a mené pendant plus de trente ans, jusqu’à sa disparition, une vaste et fascinante enquête photographique sur les grandes religions et plus particulièrement sur les relations complexes qu’entretiennent les hommes avec leurs dieux. Avant d’entrer chez Magnum en 1981, il fait ses armes à Sipa et Gamma : dans chacune de ces agences, Abbas marquera les esprits de ses confrères qui continuent de voir en lui l’un des plus grands regards de ces dernières décennies. Plus qu’un simple photographe, Abbas s’impose comme un perfectionniste de la lumière, capable de réunir à la fois la rigueur journalistique, l’excellence visuelle ainsi qu’une profonde et humaine intégrité morale.

Abbas – L’ombre et la lumière

Depuis sa mort, aucune exposition n’a été réalisée sur l’ensemble de son oeuvre. Et le Festival Photo La Gacilly s’honore de pouvoir, en collaboration avec sa famille, présenter une grande rétrospective de son travail. À ses images d’actualité succèderont des clichés moins connus et plus contemplatifs d’Abbas, sur les hommes et leur environnement. Une exposition en noir et blanc où se côtoient sans cesse le réel et le mythe, la dérision et le fanatisme, le chaos et la beauté, la douceur et la tristesse, l’ombre et la lumière.

Abbas – L’ombre et la lumière
Abbas – L’ombre et la lumière

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