
Daido Moriyama, vous ne l’ignorez évidemment pas, est l’un des plus grands photographes japonais. Même si la phrase suivante est un brin galvaudée, dans ce cas, elle ne l’est pas : il a révolutionné la photographie. Et ben paf! Photo Elysée, le musée lausannois, lui consacre une rétrospective géante jusqu’au 23 février 2025. Donc, week-end à Lausanne. Profitez-en pour visiter l’extraordinaire Collection de l’Art Brut, l’excellente Fondation de l’Hermitage, et la mythique Villa du Lac de Le Corbusier.
Dormons à Lausanne
Si vous possédez un compte bien garni dans l’un des établissements bancaires de la ville et que vous ne dédaignez pas une atmosphère luxueuse un tantinet compassée, vous pouvez bien sûr séjourner dans l’un des célèbres palaces de la ville : le Beau-Rivage Palace situé au port d’Ouchy, sur les rives du lac, le Royal Savoye, chef d’oeuvre art déco, ou le Lausanne Palace, institution du centre-ville. Sinon, Monsieur Bernard vous a trouvé 3 alternatives au budget un peu moins dispendieux.
Le Swiss Wine et le Swiss Chocolate by Fassbind
Eric Fassbind a lancé sa chaîne d’hôtels en 2009. Mais sa famille se targue d’œuvrer dans la restauration et l’hôtellerie depuis le XVè siècle. D’où un certain savoir-faire. En l’espace de 15 ans, Hotels By Fassbind a peu à peu investi les centres villes de Lausanne, Genève et Zurich. A Lausanne, donc, monsieur Bernard vous conseille le Swiss Wine et le Swiss Chocolate, situé à 5 minutes à pied l’un de l’autre. A partir de 100€ la double.

Moxy Lausanne City
Moxy, c’est la branche stylish-chic-urbano-fun-branchouille du groupe Marriott Bonvoy, et il faut bien avouer que le résultat est tout à fait honnête. Avec ses 113 chambres amusantes en plein coeur du Flon, l’un des quartiers les plus vivants de Lausanne, le Moxy Lausanne City tient parfaitement son rang et constitue une excellente base de week-end. A partir de 125€ la nuit pour 2.





Auberge de Jeunesse Lausanne Jeunotel
Bon, et si vous voyagez en tribu, vous pouvez opter pour l’Auberge de Jeunesse Lausanne Jeunotel, au bord du lac, au design minimaliste, quasi spartiate, comme il se doit dans les auberges de jeunesses suisses. Dortoirs ou chambres en fonction de vos besoins.




Dinons à Lausanne
Bon, d’abord une petit mise en garde. Et d’un les salaires helvètes n’ont pas grand chose à voir avec les français. Et de deux, depuis 25 ans, le Franc Suisse n’a cessé de prendre de la valeur par rapport à l’Euro. Donc, forcément, le prix d’un restaurant à Lausanne n’est pas celui d’un restaurant à Clermont-Ferrand. Vous voilà prévenu.
Pour le diner du vendredi soir, si vous voulez la jouer traditionnel, ce qui après tout est votre droit le plus strict, vous pouvez aller à La Bavaria, institution fondée en 1881. La mythique brasserie a été rénovée en juin 2019, mais rassurez-vous, les classiques de la carte sont toujours là : saucisses, choucroute, tartare de boeuf, salade césar, tartes maison… Du solide, donc.


Tout aussi classique mais avec une assiette plus bistronomique, vous pouvez également aller diner rue Beau-Séjour, Au Chat Noir. Le Chef Stéphane Chouzenoux, qui vient du Sud-Ouest (de la France), mitonne fondant de cèpes et autre parmentier de queue de bœuf, dans une ambiance boiseries, banquettes, et miroirs des plus rassurantes.


Dans la même rue, vous pouvez aussi aller chez l’excellent Jacques. Du bistronomique de très haute volée signé du trentenaire Jacques Allisson dans un cadre bois clair / vert amande du meilleur goût. Fabuleux menu découverte à 82 CHF.



Si vous avez une envie de ramen, direction Doki Doki, situé à la piscine Mon Repos. Les 2 cofondateurs, Pablo Voisard et Kenji Steiner (ex-cogérant de la Brasserie du Château, dont on retrouve les bières au Doki Doki, et dont la maman est japonaise) ont investi dans une machine à ramens afin de produire des nouilles maison à base d’ingrédients locaux. Donburi et Katsu également au menu de cette excellente cantine.



Enfin, pour une soirée un peu plus encanaillée, c’est au Street Cellar que ça se passe. Comme son nom le suggère, il s’agit d’un curieux mix cave à vins / street food, aussi improbable que réussi. Au coeur du Flon, de sublimes rolls (pains fournis par l’excellent Bread Store) comme le Cheeky chicken roll, le Street « doggy » dog deluxe, mais aussi une joue de bœuf confite 10 heures aux épices berbères,
salade de carotte façon “mchermel”, jus de cuisson, grenade & pita ou une Aubergine Parmigiana “Street version”.


Samedi
Si vous n’avez pas pris votre petit-déjeuner, ou si vous souhaitez juste un bon café pour commencer la journée, direction le Coffee Page, au 20 rue du Midi. Café-librairie la journée, sachez que l’endroit se transforme le soir en bar à whisky.


Daido Moriyama à Photo Elysée
10h, ouverture des portes de Photo Elysée (installé depuis 2022 au cœur de Plateforme 10, bâtiment, conçu par les architectes portugais Aires Mateus et partagé avec le Mudac), et donc de l’expo Daido Moriyama. Cette rétrospective, produite par l’Instituto Moreira Salles (Sao Paulo, Brésil), fait escale en Suisse après Berlin et Londres où elle a été qualifiée de « The best photography shows of 2023 » par The Guardian. Et The Guardian, c’est du sérieux.

Donc, Daido Moriyama (né en 1938 à Osaka) est un génie. Au cours de ses soixante années de carrière, il a modifié de manière décisive notre perception de la photographie. Inspiré par des artistes américains tels qu’Andy Warhol et William Klein, il s’est servi de son appareil photo pour documenter son environnement immédiat et pour explorer visuellement la société japonaise d’après-guerre. Il a saisi le choc entre la tradition japonaise et l’occidentalisation accélérée qui a suivi l’occupation militaire du Japon par les États-Unis. Il a donné vie à la société de consommation naissante au Japon. Mais il a également remis en question la nature même de la photographie. Donc, il faut y aller.





We will survive au Mudac

Puisque vous êtes sur place, vous pouvez enchainer avec le Mudac. Jusqu’au 9 février 2025, L’exposition We Will Survive vous invite dans le monde des « preppers » en abordant les menaces qui pèsent sur notre existence et les réponses apportées par les gouvernements pour protéger leurs populations. Elle explore comment les néo-survivalistes se tournent vers le design pour se préparer à un avenir incertain et assurer leur survie. We Will Survive nous incite également à nous demander dans quelle mesure nous sommes – ou devrions toutes et tous devenir – des preppers. Intéressant, n’est-il pas ?

L’exposition comprend plus de 400 œuvres, dont des maquettes d’architecture, des photos, des dessins et des magazines, ainsi que des archives vidéo et des extraits de films sur des mondes apocalyptiques ou postapocalyptiques fantasmés. Des objets de design spéculatif et plus de 300 types de produits populaires conçus par la communauté des preppers y figurent également.

Déjeunons à Lausanne
Pour le déjeuner, trois choix s’offrent à vous. Bamee Bistro, L’Atelier des Gourmands et Non Solo.
Si vous visez du bon, rapide et pas cher, rendez-vous passage Saint-François au Bamee Bistro, parfaite petite cantine vietnamienne. On y trouve donc d’excellents bánh mì (sandwiches) et les classiques et néanmoins délicieux bò bún, bún thịt, phở bò, et rouleaux d’été aux crevettes ou à la viande dont vous nous direz des nouvelles.



Autre option toujours dans le genre déjeuner sur le pouce, l’Atelier des Gourmands rue de la Mercerie. Des cakes et des quiches à tomber par terre et des sandwiches à se damner. Pour les amateurs, le gâteau tout chocolat et pour les allergiques, de délicieux desserts sans gluten (moelleux à la châtaigne, cake au chocolat ou cake au pavot).



Troisième option, l’excellent épicerie italienne Non Solo, Délicieuse parmigiana, gourmands arancini alla norma, des lasagnes parfaites, bref de quoi vous sustenter comme si vous étiez dans la botte.


Après déjeuner, vous pouvez enchainer avec une séance shopping chez Pauline Martinet et Annabelle Dentan qui ont ouvert Chic Cham début 2013 dans une ancienne forge de 300 m2 face au parc de Valency. On y trouve leurs créations, et une sélection de bon goût.
Puis direction le Flon pour faire le plein de streetwear chez Maniak au 7 rue de Genève. Puis allez vous achetez un skate au 242 la marque de skateboards suisses de Basile Arnacher et Jason Singer au 15 avenue de Beaulieu. Poursuivez jusqu’à la rue Saint-Roch pour jeter un oeil à la Placette, galerie qui met l’art en vitrine.
Si vous êtes moins shopping et plus architecture, un détour par l’Ecole Polytechnique s’impose. Donc, direction Ecublens pour aller admirer le Rolex learning center, ovni de 20 000 m2 conçu par l’agence japonaise Sanaa.
Stop obligatoire à la pâtisserie japonaise Osio, à côté de la gare de Prilly-Malley. Osio a été fondé par la coréenne Ken Young Park et son mari Francesco Butturini, après avoir vécu au Japon. La pâtissière s’est formée à l’Ecole de Pâtisserie et Boulangerie de Kyoto, en étant la seule étudiante étrangère de l’histoire de l’institution


Puis allez vous promener sur Bellerive plage, complexe sportif construit en 1937 sur les bords du Léman, et remontez vers l’Aula des Cèdres, œuvre de l’architecte lausannois Jean Tschumi.
Dinons à Lausanne
Pour le diner du samedi soir, soit vous choisissez l’ambiance vitupérante du bistrot Le Pointu qui doit son nom à sa forme architecturale, liée à son emplacement à l’angle des rues Neuve et Pré-du-Marché, à deux pas de la Riponne. Excellents produits, cuisine maison cosmopolite et amusante.



Sinon diner possible dans l’excellent japonais Myo Sushi Bar où vous ne trouverez pas que des sushis mais aussi un excellent poulet teriyaki, un tartare de bœuf au wasabi ou de très bons Udon.

Et sinon, partez pour la campagne, à l’Auberge de l’Abbaye de Montheron. A 20 minutes du centre de Lausanne, le chef Rafael Rodriguez, et ses comparses David Donneaud et Romano Hasenauer ont ouvert l’auberge de vos rêves dans un lieu un peu perdu à l’orée des bois du Jorat. Assiettes composées uniquement de produits locaux, issus d’un rayon de 25km autour de l’auberge : le sanglier est chassé par le garde-forestier officiel des bois du Jorat, les légumes proviennent du potager de leur partenaire du Chalet des Enfants. En période de chasse, deux menus dégustations 5 plats (135 CHF, avec du sanglier) ou 9 plats (175 CHF) sont proposés. Et toute l’année, on peut y venir pour son menu entrée+plat+dessert à 49 CHF le midi du mercredi au vendredi, un des meilleurs rapports qualité-prix de la région.


Dimanche
La Fondation de l’Hermitage

Dimanche matin, 10h, ouverture des portes de la Fondation de l’Hermitage. Jusqu’au 3 novembre 2024, la Fondation de l’Hermitage fête ses 40 ans et présente une exposition exceptionnelle en partenariat avec le Museum Langmatt de Baden. Constituée des trésors – majoritairement impressionnistes – rassemblés pour l’essentiel entre 1908 et 1919 par le couple de collectionneurs Jenny et Sidney Brown, cette somptueuse collection (Boudin, Renoir, Cézanne, Gauguin…), habituellement montrée à la Villa Langmatt, fait escale à l’Hermitage pour sa première présentation hors-les-murs. Donc, ça vaut le détour. Si vous avez faim, brunch possible au restaurant de la Fondation.

La Collection de l’Art Brut
A 5 minutes de taxi, direction la Collection de l’art brut (ouverture des portes à 11h). Outre la fabuleuse collection permanente, en prime, l’exposition Clemens Wild et Pascal Vonlanthen à l’affiche jusqu’au 27 octobre 2024.

Issu d’une famille de libraires, Clemens Wild (1964) cultive depuis l’enfance la passion pour le dessin et les récits imaginaires. Les fictions qu’il se plaît à écrire et dessiner sont pour lui une manière d’appréhender le monde qui l’entoure. Parmi les femmes qui composent sa galerie, certaines reviennent régulièrement depuis une quarantaine d’année. L’auteur les représente de manière frontale et statique, ou en train d’accomplir des tâches quotidienne sur leurs lieux de travail : cuisine, WC, ateliers, etc. Elles bavardent à la pause-café, attendent à l’arrêt de bus.

Fasciné par la typographie des titres et l’agencement des textes, Pascal Vonlanthen recopie à sa façon les pages de journaux, de magazines ou de dépliants publicitaires. Ne maîtrisant pas la lecture, il s’approprie les codes d’un langage qu’il n’est pas en mesure de décrypter. En une dizaine d’années, il a ainsi créé un corpus original d’écritures asémiques, dépourvues de syntaxe, mais dotées d’une grande puissance formelle.
Déjeuner
Si le temps est clément, brunch dominical à La Folie Voltaire, kiosque-buvette niché au coeur du parc de Mon-Repos.

La Villa « Le Lac »
Après déjeuner, prenez la route direction Vevey (ou le bus 201 jusqu’à «Bergère») pour aller voir la Villa « Le Lac ». Cette petite maison, destinée aux parents de l’architecte a été construite en 1923-24 par Le Corbusier et Pierre Jeanneret. Le programme et les plans illustrent pleinement les idées qui faisaient déjà la renommée de leurs auteurs. Visites ouvertes du vendredi au dimanche de 14h à 17h.


