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Le week-end à Montpellier de monsieur bernard

Allons droit au but. Montpellier accueille 3 expositions tout à fait exceptionnelles qui méritent à elles seules que vous honoriez de votre présence la cité languedocienne lors d’un week-end que vous ne manquerez pas d’organiser dès que l’heure du déconfinement hivernal aura sonné. Primo, The New York School Show au Pavillon Populaire, qui présente une riche sélection de clichés signés par les photographes de l’Ecole de New York entre 1935 et 1965. Deuxio, Le Canada et l’Impressionnisme au Musée Fabre, regroupant une centaine de chefs d’oeuvre pour la plupart jamais vus en France. Tertio, toujours au Musée Fabre, Pharmacopées, avec les oeuvres de l’artiste contemporaine Jeanne Susplugas. Amateurs de street-photography, de peintures impressionnistes et d’art contemporain radical empreint d’humour et de poésie, vous savez donc ce qui vous reste à faire. Préparez derechef votre week-end à Montpellier.

Dormons à Montpellier

Connaissant votre goût pour les lieux chargés d’histoire, et dans un souci constant de vous être agréable, monsieur bernard a sélectionné pour vous un hôtel particulier du XVIIIè, Baudon de Mauny, une bâtisse du XIXè, le Mas de La Feuillade, et une maison des années 30, Les 4 étoiles.

Baudon de Mauny

Si mener la grande vie en plein centre de Montpellier fait partie de vos objectifs annuels, pas d’hésitation, réservez chez Baudon de Mauny, hôtel particulier qui doit l’essentiel de son aspect actuel, en particulier sa façade de style Louis XVI, à Charles Guillaume Baudon de Mauny, directeur des domaines du roi à Montpellier, qui l’achète en 1777. Vous trouverez sans l’ombre d’un doute votre bonheur parmi les 8 chambres (dont 2 suites et 2 junior suites) de cette belle demeure aristocratique du XVIIIè. Boiseries, sols en pierre, cheminées en marbre et portes à double battant côtoient design flashy et poufs Marimekko dans un bon goût indéniable. Depuis 2008, Baudon de Mauny accueille le voyageur non dénué d’une certaine classe de passage à Montpellier. D’ailleurs, côté chambres, si rien n’est trop beau pour vous et que vos placements financiers vous rapportent plus que prévu, optez pour la XXL Baudon de 59m2 à 275€ la nuit. Sinon, de 155€ la double supérieure à 205€ la suite, somme à laquelle vous ajouterez le petit-déjeuner de 10 à 20€ selon votre appétit matinal.

Mas de La Feuillade

Moins aristocratique mais tout aussi stylé, et entouré d’arbres centenaires, le Mas de La Feuillade est une jolie bâtisse du XIXè restaurée par Philippe Bonon, le père architecte de l’actuel maitre des lieux, Max Bonon. Connu des Montpelliérains pour son restaurant, le mas propose 5 suites, ambiance rétro et design vintage, pour la modique somme de 110€ la standard et 160€ la supérieure, petit-déjeuner compris.

Les 4 étoiles

Dans sa maison des années 30, Pierre Migayrou s’est réservé le rez-de-chaussée. Après tout, il est chez lui. Mais l’homme en question étant d’un caractère sociable, il propose à l’étage Les 4 étoiles, chambres d’hôtes de caractère mêlant carreaux de ciment d’époque et mobilier contemporain. De 94 à 105€ la nuit, petit-déjeuner inclus.

Le diner du vendredi

Au choix, pour le diner du vendredi soir, ambiance bistro chic pour gastronomes chez Pastis, table d’auteur estampillée « cuisine d’arrivage » chez Leclere, ou le bar à vins de la fille de l’illustre Marcel Lapierre, judicieusement nommé Les canons.

Pastis

Daniel Lutrand (en cuisine) et Jean-Philippe Vivant (en salle) se sont rencontrés lorsqu’ils officiaient chez les Bras à Laguiole. Vous pouvez donc réserver chez Pastis les yeux fermés. D’autant plus que le joli décor pierre, métal, bois blond et verre fumé et le menu du soir à 50€ (auxquels les plus aventureux d’entre vous ajouterez 30€ pour l’accord mets-vins) raviront les esthètes doublés de fins gourmets que vous êtes.

Leclere

Depuis 5 ans, Guillaume Leclere, formé chez Marc Veyrat et Anne Majourel, régale les Montpelliérains avec une philosophie aussi simple que pertinente : « une cuisine où l’on utilise ce que l’on a à portée de main pour exprimer au mieux sa créativité, les produits, la saison, la nature : l’arrivage ». D’ou le nom du restaurant : « Leclere, Cuisine d’arrivage ». Menu du soir à 40€.

Les Canons

Anne Lapierre, fille du célèbre vigneron qui a porté le Beaujolais au sommet de la planète oenologique, s’est associé à Gwenaël Boisrame pour ouvrir Les Canons. Une cave à manger comme vous en rêviez, avec des assiettes alléchantes (tellines et pesto d’ail des ours, acras de haddock, rognons de veau à la crème…) et des bouteilles qui ne demandent qu’à être ouvertes.

Samedi à Montpellier

Le Pavillon Populaire ouvrant ses portes à 10h, allez donc droit au but et commencez votre journée avec la visite de l’exposition The New York School Show à l’affiche jusqu’au 10 janvier 2021.

The New York School Show au Pavillon Populaire

Pour qui est un tantinet amateur de street-photography, l’exposition que consacre le Pavillon Populaire à l’Ecole de New York vaut à elle seule le déplacement à Montpellier. Bruce Davidson, Louis Faurer, Robert Frank, Saul Leiter, Don Donaghy, David Vestal… Ces photographes ont révolutionné leur art en impulsant une liberté de prise de vue et une nouvelle stylistique de la photographie de rue rendues possibles par l’invention du Leica et des films Tri-X et ASA 400 de Kodak. Gilles Mora, le directeur artistique du Pavillon Populaire, et Howard Greenberg, vénérable galeriste new-yorkais, ont rassemblé plus de 150 photographies pour ce qui est la première exposition en Europe entièrement dédiée à ce mouvement. Incontournable donc.

Bruce Davidson – Brooklyn Gang, 1959
Arthur Leipzig – Subway Lovers, 1949
Dan Weiner – East-End Avenue, 1950
David Vestal – West 22nd Street, 1958
Louis Faurer – Twins, 1948
Ted Croner – Sharpie in a cafeteria, 1946
Saul Leiter – Red Umbrella, 1960

Galerie Chantiers Boite Noire

Poursuivez votre matinée artistique en vous rendant à la Galerie Chantiers Boite Noire. Sous les voûtes médiévales blanchies du 1 rue de la Carbonnerie, une programmation dont la qualité n’a d’égal que l’éclectisme.

Exposition Hiraku Suzuki, 2019
Exposition Nina Roussière, 2020

Metropolitan

Avant d’aller déjeuner, passez chez Metropolitan, magasin de déco cocorico qui propose donc objets émanants de designers français, éditeurs tricolores et autres manufactures hexagonales.

Le déjeuner du Samedi

Pour votre déjeuner, histoire de rester dans l’ambiance new-yorkaise de votre exposition matinale, deux cantines healthy pour jeunes gens anglophones amateurs d’Avocado toasts et autres Eggs Benedict.

Le Hood

Le brunch le plus couru de Montpellier est servi au Hood. Mais vous pouvez également y déjeuner en avalant un BLT ou en croquant dans un Avocado Toast.

Bonobo

L’autre brunch le plus couru de Montpellier est servi au Bonobo. Pancakes sucrés (Sweet Stack avec crème fouettée maison, fruits de saison & sirop d’érable), pancakes salés (Savoury Stack avec œuf au plat, beurre au bourbon, bacon & sirop d’érable), oeufs Benedict, buddha burger (vegan) et autre bonobowl (grande salade vegan)… Vous y trouverez forcément votre bonheur.

De La Luce

Et c’est parti pour votre après-midi shopping. De La Luce est ce qu’on appelait au siècle dernier un concept store pointu : déco, art de la table, textiles, mode, accessoires, petites séries, pièces uniques, marques de créateur et enseignes scandinaves… toute la panoplie requise est présente sous les jolies voutes du magasin fondé il y a 17 ans.

Maison Emilienne

Lorène et Vincent Muratel, ont créé leur agence d’architecture intérieure en 2008. Ils ont également ouvert Maison Emilienne, boutique déco méditerranéenne qui fait aussi épicerie. Dans ce qui leur reste de temps libre, ils sont également éditeurs, via la production, quatre fois par an et en petites séries, de linge de maison, tapis, bougies parfumées, vaisselle ou papeterie, qui ont pour dénominateur commun le fait main et le respect de l’artisanat. Et comme la petite entreprise fonctionne bien, ils se sont agrandis et ont ouvert Maison Violette.

Cinqpoints

L’architecte Valérie Calafat a fondé en 2013 Cinqpoints, éditeur d’objets inspirés par le courant moderniste. Dans sa boutique-atelier de la rue Alexandre-Cabanel, entre la presse à chaud la machine de découpe laser, vous trouverez des jeux de construction en bois, de la papeterie, des tote bags, des jeux de cartes…

MOna MArket

La décoratrice d’intérieur Elisabeth Verdier a ouvert MOna MArket en décembre 2012. Dans un hangar type Eiffel de 450 m2, elle a recrée les pièces d’une maison familiale où se côtoient mobilier et objets industriels, vintage, contemporains, artisanat ancien et meubles sur-mesure en bois ou métal dessinés par la maîtresse des lieux.

Le MO.CO.

Ensuite, passage obligé par le MO.CO. Hôtel des Collections, entité principale de Montpellier Contemporain (MO.CO.), écosystème artistique réunissant une école d’art et deux lieux d’exposition : MO.CO. Esba (École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier), MO.CO. Panacée (Centre d’art contemporain) et MO.CO. Hôtel des collections, donc, espace dédié à l’exposition de collections du monde entier, inauguré en juin 2019 au sein de l’ancien Hôtel Montcalm. A l’affiche, « 00’s – Collection Cranford ». Plus de 80 œuvres de 46 artistes internationaux dressent un panorama de l’art des années 2000. Parmi les artistes à l’affiche, John Baldessari, Louise Bourgeois, Ólafur Elíasson, Mona Hatoum, Damien Hirst, Karen Kilimnik, Damian Ortega, Raymond Pettibon, Sigmar Polke, Gerhard Richter, Ed Ruscha, Cindy Sherman, Wolfgang Tillmans, Jeff Wall… Bref, du beau monde.

Damien Hirst, Love Unparalleled, 2001

RBC Design Center

S’il vous reste encore un peu d’énergie, allez faire un tour chez RBC Design Center, l’antenne montpelliéraine dirigée par Tristan Lohner du petit empire design de Frank Argentin. Dans la « boite à outils » grise signée Jean Nouvel, vous trouverez de quoi vous habiller au très exclusif 609, de quoi vous meubler dans le showroom Poliform du 7è étage, de quoi vous cultiver à la librairie, bref de quoi bien terminer votre samedi après-midi.

Le diner du Samedi soir

Deux restaurants de poche, à réserver (longtemps) à l’avance donc, pour votre diner du samedi soir. Délices nippons chez Mikado, ou cuisine ensoleillée chez Bojan.

Mikado

Takétomo Luu Sumi a quitté son restaurant parisien Ito Chan pour importer à Montpellier le meilleur de la cuisine japonaise en ouvrant Mikado. Sublimes ramens, tataki de boeuf fondant à souhait, gambas gingembre ciboulette revigorantes. Un régal.

Bojan

Quinze couverts, pas un de plus. Il faudra donc vous y prendre tôt pour avoir une table chez Bojan, le restaurant de Guillaume Boilève (ex Flocons de Sel à Megève) et Alix Jean. D’autant plus qu’entre le décor tout en sobriété scandinave et les assiettes virtuoses des menus du soir à 28 et 38€, le succès mérité du lieu ne se dément pas.

Dimanche à Montpellier

Brocante du Peyrou

Si vous êtes allergiques aux grasses matinées et que vous êtes un chineur invétéré, réveil dominical aux aurores pour aller dénicher l’affaire du siècle à la Brocante du Peyrou. Dès 7h30, cinquante marchands vous attendent sur la place royale du Peyrou le long d’allées bordées de platanes centenaires.

Musée Fabre

10h, ouverture des portes de l’excellent Musée Fabre qui propose deux expositions absolument exceptionnelles. La première, intitulée « Le Canada et l’Impressionnisme – Nouveaux horizons », à l’affiche jusqu’au 3 janvier 2021, réussit l’exploit de faire venir à Montpellier une centaine de chefs-d’œuvre pour la plupart jamais vus du public français, signés de ces artistes que l’on pourrait nommer les « Monet du Canada », Maurice Cullen, William Blair Bruce, James Wilson Morrice, Frances Jones, Laura Muntz, Paul Peel, Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté… Venus à Paris à la fin du XIXe siècle pour étudier auprès des grands maîtres de la capitale mondiale des beaux-arts, les jeunes artistes canadiens seront profondément marqués par l’audace visuelle des œuvres impressionnistes, saisissant toute la fugacité des atmosphères et le tumulte de la vie moderne. Un style résolument novateur qui va changer radicalement leur peinture, de retour sur leurs terres.

Maurice Cullen, Logging in winter, Beaupré, 1896
Maurice Cullen, Moret Winter, 1895
Clarence Gagnon, Summer Breeze at Dinard, 1907
Helen McNicoll, Sunny September, 1913
Laura Muntz Lyall, Pink Dress, 1897

Dans un genre totalement différent, la seconde exposition, intitulée Pharmacopées, institue un dialogue entre une collection d’objets d’apothicaires, de pharmaciens, de médecins et l’artiste contemporaine Jeanne Susplugas.

Au milieu des pots en faïences, des vipères dans le formol, et des gravures d’époque, les oeuvres aussi radicales que poétiques et humoristiques de l’artiste montpelliéraine interroge le rôle conféré au médicament, à la fois remède et drogue. « Mon travail parle des désordres, des distorsions du réel, construites sur un fil ténu qui oscille sans cesse entre humour et cynisme, ironie et tragédie. Cette alternance troublante et déroutante est un ressort que j’emploie dans l’ensemble de mon travail suscitant tour à tour un sentiment cocasse ou inquiétant ». Indispensable.

Jeanne Susplugas, Addicted (Gisèle), 2003
Jeanne Susplugas, Distorsions, 2014
Jeanne Susplugas, La maison malade, 2020
Jeanne Susplugas, Containers, 2020
Jeanne Susplugas – Hair (Tribute to Gordon Matta-Clark), 2010-2018

Le déjeuner du Dimanche

Deux options en sortant du Musée Fabre : votre estomac crie famine, le Café de la Panacée vous attend à 5 minutes de marche ; vous pouvez tenir 15 minutes, vous montez dans un véhicule direction les Halles du Lez.

Le Café de la Panacée

Donc après cette matinée muséale, vous pouvez poursuivre sur votre lancée et aller vous sustenter au Café de La Panacée, au coeur du Centre d’Art contemporain du même nom, où vous attend le grand buffet du brunch familial dominical.

Les Halles du Lez

Sinon, à un quart d’heure de voiture, le Food Court local se nomme les Halles du Lez et vous y trouverez tout ce que vous pouvez attendre de ce type d’endroit qui pousse dans chaque métropole européenne comme le cèpe dans une forêt limousine par un dimanche doux et humide d’octobre : des grand noms de la gastronomie locale (Jacques & Laurent Pourcel, Pierre-Olivier Prouhèze, Romain Salamone), des figures emblématiques comme Gilles Belzons alias Bébelle de Narbonne et les meilleurs artisans de bouche de Montpellier et de sa région.

La Maison Pernoise

Puisque vous êtes sur place, entrez dans La Maison Pernoise. Voyageuse et amoureuse des brocantes comme des souks marocains, Lau Dejente s’est installée dans une ancienne grange de 250 m2, pour proposer mobilier, luminaires, vaisselle et autres accessoires dénichés au quatre coin du monde.

L’Arbre Blanc

Pour terminer votre week-end, ne manquez pas d’aller admirer l’Arbre Blanc. Dessinée conjointement par Sou Fujimoto, Manal Rachdi (fondateur de l’agence OXO Architectes), Nicolas Laisné et Dimitri Roussel, cette tour d’habitation a été inaugurée en juin 2019. Et comme à Montpellier, le soleil brille plus de 300 jours par an, chaque appartement est doté d’un balcon d’au moins 10 m2 (32 m2 pour les plus vastes) dont la mise au point a nécessité une longue phase d’expérimentations. Avec ses espaces en porte à faux sur 7,5 mètres, l’Arbre blanc est une véritable prouesse technologique. Et en plus il est beau.

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